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SPIRITUALITES au cours des siècles


St Bernard de ClairvauxL'Édifice est construit à l'endroit d'un lieu de Culte Païen dédié à la déesse de Fécondité : une pierre en forme de ventre féminin où l'on déposait les prémices des récoltes (fruits, légumes, blé) ainsi que lieu d'accouchement ou présentation de l'enfant à la Déesse Celte.
Vers 680, on a la fondation du Monastère Saint Martin. On n'en parle plus après les invasions normandes auxquelles il n'a sans doute pas échappé. Ces moines sont à l'origine de l'Évangélisation de la région.
Au XIIème siècle, construction de l'Église avec 5 nefs, le chevet plat et la rosace. On y trouve tout le symbolisme classique : rosace, nef, 12 colonnes, autel calvaire, petite porte (vers le cimetière) etc... qui sont autant d'évocations de ce qu'est l'Église.
Concile de TrenteEn même temps ou presqu'en même temps se conjugue avec ce courant, une Mariologie prêchée et propagée par saint Bernard de Clairvaux. C'est aussi un siècle féministe (13ème siècle) : L'Amour de la Dame. La Dame à la licorne. Poèmes d'Amour. Cette spiritualité mariale se retrouve dans presque tous les édifices gothiques de l'époque : Les cathédrales Notre-Dame de Paris, Notre-Dame de Senlis, Notre-Dame de Noyon etc... mais également dans les modestes églises de campagne dont celle de Précy dédiée à " Madame la vierge ".    
La statue de la vierge en pierre polychrome, dite " de Saint-Simon ", est du XVe siècle. Elle a dû être cachée lors de la Révolution car elle a gardé sa couronne, et son sceptre avec fleur de lys. La polychromie a dû être refaite à la Restauration.
Cette vierge noire intrigue. C'est tout simplement une évocation d'après le " Cantique des Cantiques " au chapitre I, 5 et suivants : " Je suis noire, moi, mais jolie, filles de Jérusalem... le soleil m'a basanée... "
Certains passages du Cantique des Cantiques sont attribués au roi Salomon. Les exégètes nous disent qu'il ne s'agit pas d'une femme de race noire mais bronzée. Le texte dit qu'elle était " noiraude " (verset 6). On y trouve allusion à une plante aromatique d'origine indienne, utilisée pour charme d'amour lié au culte de la fertilité. La myrrhe portée en sachet pendu au cou était censé exciter les sens (Proverbes VII, 17). Elle était associée au culte de la fertilité tout comme la pomme et le raisin évoquent l'amour et la fertilité.
Georges RouaultA l'époque des croisades, un autre courant inonde l'église : la mort devient le thème principal de la réflexion.
Les inhumations à l'intérieur de l'église deviennent fréquentes. Précy sera également une sorte de nécropole pour les grands seigneurs. Le curé, lui aussi, est enterré au pied de l'autel. Les pierres tombales de Saint-Simon et de Jehan de l'Amaury, maître d'hôtel du Prince de Condé sont éloquentes à ce sujet.
Le concile de Trente va élaborer une liturgie pour les défunts dont le rituel actuel s'inspire encore très largement. Dans ce contexte les Reliques, restes des saints, sont très à la mode. Précy a également ses reliques de saints et une relique de la Sainte Croix.
C'est après l'incendie de l'Église provoqué par les Anglais pendant la guerre de Cent Ans (XVème siècle ) que disparaissent les cinq nefs de l'édifice. Il faut attendre la reconstruction partielle au XVIème siècle par le seigneur Louis de Saint-Gelais, fils naturel du roi François ler. C'est l'époque de la restauration de l'autorité Papale, la reprise en main de l'Église par le Concile de Trente et la Renaissance en tous domaines. L'Église de Précy va renaître de ses cendres et sera dédiée à Saint Pierre et Saint Paul comme la Basilique de Rome dédiée à Saint Pierre et Saint Paul. Le Concile de Trente avait proclamé l'intercession et le Culte des Saints. Les églises vont alors se remplir de statues de saints jusque à l'écœurement. Tout cela pour afficher sa Foi contre les Protestants qui nient l'intercession des Saints et rappellent que le Christ est le seul médiateur entre Dieu et les hommes. Ce que l'Église n'a jamais nié.
L'Église va ensuite connaître une période de réformes et de mouvements spirituels. L'Intériorité, la vie spirituelle, les confréries etc... vont s'amplifier à travers beaucoup de déviations (Jansénisme, Piétisme, Gallicanisme) jusqu'à la Révolution Française où la Terreur va porter un coup de grâce au clergé.
La crucifixionLa vie chrétienne devient alors souterraine, cachée, jusqu'en 1802 lorsque Napoléon accorde le rétablissement du Culte. C'est alors un renouveau enthousiaste : multiplication des vocations sacerdotales et religieuses, créations de Missions à l'étranger (Afrique) et une religion douce, parfois mièvre et sentimentale comme tout ce siècle romantique.
La dévotion s'étale en confréries de toutes sortes : " Enfants de Marie ", cohortes d'enfants de choeur, confrérie du Rosaire... etc...
Le XXème siècle sonnera le glas. Non seulement il sera marqué par la séparation de l'Église et de l'État (1905), mais surtout par les deux guerres mondiales qui entraîneront violences et bouleversements de tous ordres (1968) jusqu'en ce début du XXIème siècle où la déchristianisation commencée à la Révolution se poursuit à travers la laïcisation de la société, la rencontre avec d'autres cultures et d'autres religions et l'indifférence religieuse des foules.
Les vitraux de l'Église de Précy expriment à merveille cette violence du siècle. Œuvres de Bernard Gilbert selon des cartons' de Georges Rouault , ils évoquent à travers les couleurs vives et tranchantes le sang versé pour les victimes innocentes, à commencer le Christ, Saint Pierre et Saint Paul. Les rouges sang sont éclatants. Remarquable aussi la couleur lie de vin employée au début du XVIème siècle par l'école des Le Prince. Ici Saint Jean , qui symbolise l'Église, est entièrement couvert, inondé par le sang du Christ, couleur lie de vin. C'est comme pour rappeler le martyr, le sacrifice de tant de chrétiens au cours de ce siècle.
" Il n'y a pas de plus grand amour que de donner sa vie pour ses amis " enseigne Jésus. Précy a souffert des bombardements à la guerre et bon nombre de ses fils sont morts au champ d'honneur.